
Déroulement de la séance de sudation fatale
À la reprise de son témoignage ce matin, Gabrielle Fréchette a raconté comment s’est déroulée la séance de sudation le 28 juillet 2011. «La préparation des participants a duré environ une heure. Vers 17 h, mes guides, Ginette Duclos et Gérald Fontaine (directeur de transe et Pilier droit), ont déposé une couverture sur la boîte qui recouvrait la tête des personnes. La boîte était installée de façon que la couverture ne touche pas à leur visage, il y avait de l’espace pour que l’air puisse passer.»
La séance se divise en trois parties distinctes. La première dure environ 90 minutes et consiste en des exercices de respiration et vise à atteindre un état de détachement de soi.
«Pourquoi utilisez-vous la personnalité de «Melkisédeck» dans vos enseignements et quand vous vous adressez aux participants», lui a demandé son avocat, Denis Lavigne.
«Melkisédeck est un personnage de la bible, le roi de Salem, symbole de justice et de paix. Cette entité qui parle à travers ma personne me permet d’atteindre un niveau de conscience nécessaire au niveau physique, de l’âme et de l’esprit», a-t-elle répondu.
Voir au-delà de leur personne, de ce qu’ils sont, voilà la deuxième partie de la séance: «Elle dure environ 90 minutes. Elle consiste en un temps d’introspection qui est suivie d’un exercice de respiration consciente. Cet exercice est supervisé par Ginette et Gérald; moi, j’observe les participants pour m’assurer que tout va bien. J’ai d’ailleurs accompagné une première participante (Mme Paule Z. une française du Lot-et-Garonne) qui a décidé d’abandonner, c’était environ quatre heures après le début de la séance», a précisé Mme Fréchette.
Pendant la troisième étape de visualisation, Julie Théberge, autre participante qui a été transportée en ambulance ce soir-là, est sortie de ses couvertures pour s’allonger sur son lit.

Puis, Gabrielle Fréchette a raconté la suite avec un sang-froid désarmant : «un fait cocasse, Chantal se parlait à elle-même tout haut, elle s’obstinait avec son propre égo, en disant des choses comme : toi, mon orgueil, tu n’auras pas le dessus sur moi! Quand on a commencé à lui enlever les couvertures, elle était comme d’habitude, il lui arrivait souvent à la fin d’une hutte de sudation de demeurer allongée pour poursuivre son introspection.
Ginette est demeurée à ses côtés le temps qu’elle reprenne contact; Chantal dégageait un air de bien-être, elle avait l’air serein. Julie demandait du sucre et du jus, croyant qu’elle faisait une crise d’hypoglycémie, je suis allée appeler le 811.
C'est plutôt la main crispée et courbée de Julie Théberge qui a attiré l'attention de Mme Fréchette. "Quand j'ai appelé le 811, c'est Julie qui m'inquiétait", a-t-elle lancé !
L’infirmière m’a dit d’appeler le 911. C’est à ce moment qu’on m’a avisé que Chantal ne répondait plus aux consignes de Ginette, qu’elle ne se réveillait pas comme supposée. C’est là que j’ai rappelé le 911 une deuxième fois. À mon souvenir, il doit s’être écoulé une bonne demi-heure avant l’arrivée de la première ambulance.
Un contre-interrogatoire musclé pour Gabrielle Fréchette
Me Magali Bernier a questionné Mme Fréchette à propos des spécialistes avec qui elle a suivi des formations. En fait, peu d'entre eux détenaient des diplômes reconnus. "Je ne crois pas qu'il puisse y avoir une université pour nous apprendre à gérer nos vies et émotions", a-t-elle dit, avec un petit rire sarcastique.

Quant au chaman Patrick Dacquay, qui lui aurait montré les rudiments des "huttes" de sudation, aucun des modèles qu'il suggérait ne correspondait à celle expérimentée le 28 juillet 2011. Me Bernier a demandé si les "huttes" de M. Dacquay proposaient aux participants de se couvrir de terre, de s'enrouler dans une pellicule de plastique, de s'allonger au sol, de se mettre une boîte sur la tête et de la couvrir de couvertures. Mme Fréchette a été forcée de répondre par la négative.
Dans une déclaration faite au téléphone à un enquêteur, quatre à cinq mois après l'accident, elle mentionnera que les normes de sécurité avaient été resserrées. De plus, elle mentionnera qu’elle ne faisait plus de huttes de sudation et n’effectuait plus d’exercices de respiration consciente dans le cadre de ses formations: «C’est possible oui, c’est plutôt vague, car je dois préciser qu’à cette période, j’étais suivie pour une dépression et je prenais des médicaments», a-t-elle pris soin de préciser.
Extrait de tvasherbrooke.com