En fin de journée hier, Julie Théberge a mentionné être, elle aussi, passée bien près de mourir, mais qu’elle a eu plus de chance que Chantal Lavigne.
Julie Théberge connaissait bien Chantal Lavigne. Les deux s'étaient connues lors des nombreuses formations de croissance personnelle offertes par Gabrielle Fréchette. Lors de ce séminaire intitulé "mourir en conscience", d'une durée de deux semaines, les deux femmes partageaient la même chambre.

Enduits de boue, recouverts d’une pellicule plastique et d’épaisses couvertures, on avait placé sur la tête des neuf participants, une boîte de carton sur la tête.
Après une période d’hyperventilation pendant laquelle on leur demandait de varier leurs respirations, l’infirmière de 52 ans se souvient être sortie de sa position et s’être libérée des couvertures: «Je me rappelle que Gérald Fontaine me parlait. Dans un état second, j’essayais de lui répondre, mais mes lèvres ne bougeaient pas. Je n’arrivais pas à voir», a expliqué la femme. «La suite est nébuleuse, je me souviens m’être réveillée dans l’ambulance.»
Questionnée à savoir ce qu’elle a mangé la journée du rituel le 28 juillet 2011, Julie Théberge ne se souvient pas d’avoir mangé autre chose qu’une galette le matin, avant d’ajouter n’avoir rien eu à boire pendant les heures qu’a duré la séance de sudation.
En effet, la veille de cette expérience de sudation, elles étaient allées prendre une marche de 12 km, qui a duré environ 4 heures, en soirée, au cours de laquelle elle ne s'était pas suffisamment hydratée. À son retour, elle ne s'est contentée que d'un morceau de galette. Chacun devait apporter sa propre nourriture durant son séjour.
Gabrielle Fréchette se faisait appeler «Séréna» lors des formations. Elle utilisait un ton de voix différent lors d’activités comme celle de la séance de sudation parce qu’elle disait être habitée d’une force baptisée «Melkisedek».
Entre 2008 et juillet 2011, Julie Théberge dit avoir participé à près d’une vingtaine de formations et de séminaires d’épanouissement personnel donnés par Gabrielle Fréchette: «Je m’y rendais environ sept fois par année, j’y ai dépensé entre 15 et 20 milles dollars.»
Aujourd'hui, elle estime que ses malaises viennent surtout du fait qu'elle s'était mal hydratée et mal nourrie. "C'était ma propre négligence", est-elle convaincue.
Par la suite, Julie Théberge a continué de suivre des formations avec Gabrielle Fréchette, notamment à la fermette de Durham-Sud. Elle apprécie la simplicité et la sincérité de cette médium, jugeant son enseignement clair, sain et intéressant. Elle a aussi continué de fréquenter son ami Gérald Fontaine.
Elle a cessé les contacts avec ces derniers lorsque les procédures judiciaires intentées l'ont exigé.
Deux grandes amies de la victime de 35 ans assistent au procès depuis ses débuts. Louise Girard se fait un devoir d’y être présente pour Chantal Lavigne, mais aussi afin d’obtenir des réponses à certaines questions : «Ce n’est pas à moi de décider quelle est la part de responsabilité des accusés en lien avec ces tragiques événements, ce sera à la juge d’en décider. La mort de Chantal est un événement tragique dont on doit éviter la répétition. Comme j’ignore les circonstances qui ont entouré sa mort, j’espère en apprendre un peu plus. Il faut s’assurer que ce type d’activité soit bien encadré. Était-ce le cas ici? Il nous est permis d’en douter.»
De son côté, Mélany Champagne ne cache pas être en quête d’une certaine justice : «Chantal n’a pas demandé à finir sa vie de cette manière. Il y a eu de la négligence quelque part. Le séminaire avait beau s’appeler «Mourir en conscience», mais Chantal ne cherchait sûrement pas à mourir. Une chose est certaine de ce que je sais, elle vouait une confiance aveugle en Gabrielle Fréchette. Je ne jugerai pas ma meilleure amie et j’espère que personne ne le fera. En suivant cette formation, elle voulait être en mesure un jour d’aider les autres.»
Au cours du contre-interrogatoire, un des avocats de défense est revenu sur la séance de sudation au cours de laquelle Julie Théberge dit avoir perdu conscience.
Il lui a fait dire qu’entre le début du rituel et le moment où elle s’est libérée des couvertures, elle n’a entendu aucun bruit permettant de croire qu’un autre participant éprouvait des malaises ou était malade. Voilà une déclaration qui détonne avec les enregistrements entendus hier, enregistrements sur lesquels on entendait des cris et des bruits de gémissements.
Me René Duval, qui représente Ginette Duclos, a aussi tenté de soulever le fait que les malaises de la témoin pourrait relever du fait qu’elle n’avait mangé qu’une galette le jour de l’expérience et qu’elle s’était mal hydratée.
Extrait de tvasherbrooke.com